Sur base d’entretiens individuels et de formations réalisés ces deux dernières années, nous avons questionné les perceptions de ce groupe social concernant le racisme et la blanchité. Un constat qui ressort est celui d’une profonde méconnaissance qui, si elle semble induite par la socialisation, n’en est pas moins résistante et structurellement entretenue. En dépit des bonnes intentions, ce que nous cherchons également, c’est de pouvoir continuer à jouir du confort de l’ignorance. Mais à quel prix ?
Sans renvoyer à une quelconque essence ou réalité biologique, ce travail associatif invite à nommer cette norme impensée qu’est la blanchité et à envisager la manière dont elle structure les rapports sociaux. Il y a urgence, parce que dans nos organisations mainstream, ne pas se poser ces questions, c’est reproduire inévitablement des violences racistes, tant dans les interactions interindividuelles que dans les pratiques institutionnelles.
Concrètement, dans une première partie, nous reviendrons très brièvement sur le concept de blanchité, son histoire et les questionnements qu’il soulève. Ensuite, sur base des observations lors des formations et entretiens, nous nous intéresserons à ce groupe des personnes blanches progressistes, en particulier en ce qui concerne nos perceptions du racisme et notre conscience de notre blanchité. Dans une troisième partie, nous reviendrons sur la manière dont nous réagissons lorsque nous sommes, collectivement ou en tant qu’individus, remis·e·s en cause dans nos perceptions du racisme ou confronté·e·s à notre appartenance raciale. Nous verrons que des schémas très prévisibles et récurrents sont observables, et interrogerons leur fonction sociale. Avant de conclure, nous reviendrons sur le lien entre une ignorance structurellement entretenue et la perpétuation du système raciste. Nous laisserons ensuite la plume à Betel Mabille, chargée de formation chez BePax et militante afro-féministe, pour une postface sur les allié·e·s blanc·he·s de la lutte antiraciste.
- Publics cibles
Ce texte s’adresse avant tout aux personnes blanches progressistes (celles et ceux qui travaillent, de près ou de loin, sur les questions d’interculturalité : les travailleurs·ses sociaux·ales, les professeur·e·s, les personnes travaillant dans l’associatif, employé·e·s communaux, plan de cohésion sociale, etc…). Et plus généralement toute personne qui se pense non-raciste.
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