C’est cette formation qui a souligné l’importance de questionner non seulement ce que ce secteur véhicule à travers sa communication pour apporter des pistes de meilleures pratiques communicationnelles, mais également et surtout, pour s’arrêter sur la manière dont le racisme structure ce secteur depuis ses racines jusqu’à toutes ses branches, y compris celle de la communication.
Dans une ère où les structures culturelles qui s’engagent dans un processus de diversification et de décolonisation se multiplient, quel état des lieux partiel de ce secteur peut-on faire ? Le premier article découle de trois entretiens effectués auprès de cinq professionnel·le·s et représentant·e·s de trois coupoles muséales francophones. En les rencontrant, nous espérions mieux comprendre la manière dont ces professionnel·le·s envisagent les questions derrière les concepts de “décolonisation” et de “diversité” ainsi que d’analyser ce qu’ils et elles considèrent prioritaire dans leur travail autour de ces questions. Dans son article, Katia Mesbah part de ces entretiens pour donner des pistes de compréhension vis-à-vis des réticences de certain·e·s professionnel·le·s du musée à répondre aux demandes de renouveau de plus en plus difficiles à ignorer. Les deuxième et troisième articles sont complémentaires. Entre devenir son propre patron ou sa propre patronne, boycotter les institutions culturelles et créer des espaces d’échange entre artistes et professionel·le·s culturel·le·s racisé·e·s, ces articles nous partagent des stratégies de résistance envisagées, d’une part, par Toma Muteba Luntumbue, artiste-plasticien, commissaire d’exposition indépendant et professeur dans deux écoles d’art à Bruxelles, et d’autre part, par trente artistes et professionnel·le·s culturel·le·s intérrogé·e·s lors d’une recherche menée par Shari Aku Legbedje et Serine Mekoun pour le Sociaal Fonds Podiumkunsten.
A travers ces trois articles, nous voulons apporter une analyse en cours et non-exhaustive du secteur culturel et artistique, privilégiant une approche qualitative plutôt que quantitative et ainsi, espérant pouvoir amplifier les vécus et expériences trop souvent invisibilisées et niées au sein de ce secteur. C’est à partir de ces vécus et expériences que nous définissons les actions que nous voulons prioriser dans notre lutte contre le racisme structurel dans le secteur artistique et culturel belge.