Donnez nous un avenir de justice et de paix

Les sections flamandes et francophones de BePax et de Justice et Paix proposent une réflexion relayée par la Libre Belgique de ce 28 juin 2011 sur l'état des négociations gouvernementales. Sans se prononcer prononcer sur le fond des enjeux, elles veulent insister sur la méthode pour aboutir. Parce qu'il faut aboutir !

Infos pratiques

Plus d’une année s’est écoulée depuis les élections du 13 juin 2010 sans accord sur un nouveau gouvernement fédéral. D’innombrables analyses ont été faites. La situation politique de notre pays a été commentée de long en large, y compris à l’étranger. Des propositions constructives ont été amenées par les différents négociateurs et informateurs nommés par le Roi. Que pouvons-nous ajouter comme mouvement chrétien de paix et comme organisations chrétiennes de justice et de paix ? Cette réflexion est originale en ce sens qu’elle est portée par des associations flamandes et francophones qui, sans se prononcer sur le fond des enjeux, veulent insister sur la méthode à suivre pour aboutir. Parce qu’il faut aboutir !

Notre contribution s’adresse d’abord à ceux qui ont gagné les élections, la N-VA du côté flamand et le PS du côté francophone. Elle s’adresse également à tous ceux qui peuvent contribuer à trouver l’issue et l’accord de paix attendus par la grande majorité des habitants de notre pays. Comme chrétiens, nous sommes animés par un souci profond du bien-être de tous, un souci aussi de paix, de justice et de sauvegarde de notre planète. Nous faisons aussi nôtre l’appel de Stéphane Hessel, « Indignez-vous ! » Nous sommes en effet convaincus qu’un accord politique dans un délai raisonnable est toujours possible. Pour y arriver les responsables politiques de notre pays doivent tenir compte des trois conditions indispensables suivantes. 

  1. Nos élus politiques doivent être plus conscients du conflit existentiel que vit notre pays. Nous avons l’impression que ce n’est pas le cas. Si on reconnaissait vraiment ce conflit existentiel, on suivrait beaucoup mieux les règles élémentaires de gestion d’un conflit aussi sérieux. Heureusement, nous ne sommes pas confrontés à des violences directes. Mais faisons néanmoins attention aux violences verbales ! Cessons les reproches stériles et non fondés ! Des mécanismes inadéquats ou inefficaces dans le fonctionnement de notre Etat ont aussi contribué à cette crise existentielle. Corrigeons et ajustons alors ce qui doit être corrigé et ajusté, avant de tomber dans une impasse totale. Les images belliqueuses et les murs de séparation peuvent devenir infranchissables. Les responsables politiques le savent aussi bien que nous : aucune des deux grandes communautés ne peut imposer sa solution toute seule. Nos communautés sont très différentes et vivent déjà une grande autonomie. En même temps, nous sommes étroitement liés les uns aux autres, notamment par la Région bruxelloise qui joue un rôle vital pour l’économie de l’ensemble du pays. Dans une situation pareille, il n’y a qu’une attitude politique adéquate : organiser de vraies négociations et rechercher un accord de paix conformément aux règles des négociations de paix et de la non-violence active. 
  2. Un accord se fait en pratiquant l’art du dialogue non-violent. Une famille, une société vivante ne peut être construite que sur la base d’un dialogue franc et vrai. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a été reconstruite par l’établissement d’un dialogue et d’une collaboration entre les anciens ennemis, au contraire des mesures punitives qui avaient suivi l’Armistice de 1918. Le vrai dialogue valorise ce qui est positif chez chacune des parties impliquées. Il reconnaît aussi ce qui est négatif ou moins bien chez l’un et l’autre. En pratiquant un vrai dialogue, le mur qui sépare peut redevenir un pont. Au lieu de s’enfermer dans son propre jugement, un avenir meilleur s’ouvre pour tous, en écoutant et en tenant compte le plus possible des désirs parfois contradictoires qui sont présents. C’est notre conviction que ce dialogue ouvert et honnête peut déboucher en peu de temps sur un accord solide et honorable, porté par une confiance renouvelée et un engagement décisif.
  3. Ceux qui sont élus comme représentants du peuple sont appelés à servir le peuple tout entier. Les élus du peuple ont reçu un pouvoir politique pour accompagner le peuple à travers les grands défis du monde d’aujourd’hui. Chaque parlementaire est certes élu par une partie de la population sur un programme et une stratégie bien définie. Mais une fois élu, l’homme d’Etat véritable ne peut pas tenir compte seulement de ses propres électeurs. En tant qu’élu, il doit accepter de se mettre au service du bien-être de tous les citoyens, et d’abord des plus faibles et des plus vulnérables de la société. Dans le contexte actuel, un nouveau gouvernement fédéral est certainement appelé à favoriser un meilleur fonctionnement de l’Etat, mais aussi à sauvegarder et améliorer notre système de sécurité sociale, prendre des mesures adéquates pour la protection de l’environnement, de l’économie et de l’emploi, rénover notre système judiciaire, favoriser la coopération et la paix internationale, etc. Beaucoup redevient possible quand on connaît ses limites. Davantage sera encore possible si nos élus politiques veulent marcher sur le chemin de la paix et s’ils sont prêts à gérer nos conflits vitaux d’une manière non violente.

Elus du peuple, engagez-vous, maintenant ! Démontrez plus d’imagination et plus de courage !

Jo Hanssens, voorzitter BePax Vlaanderen,
Camille Baise, président BePax
Marcel Cloet, voorzitter Netwerk Rechtvaardigheid en Vrede
Arnaud Gorgemans, président de Justice et Paix

 

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