Jour après jour, nous assistons à une nouvelle recrudescence de la pandémie qui nous plonge dans une incertitude chronique quant à la possibilité de maintenir notre offre de formation et d’animation. Certains hôpitaux sont au bord de la saturation, le personnel soignant est épuisé et nous sommes constamment en attente des prochaines mesures gouvernementales qui nous permettraient ou non d’assumer nos engagements auprès de notre public et nos partenaires.
Pour sortir d’une attitude attentiste et adopter une posture pro-active face aux annonces gouvernementales, l’équipe de BePax a décidé de reporter toutes les activités en présentiel ne pouvant être suivies ou organisées virtuellement et d’envisager la période à venir comme une opportunité pour mener un travail sur l’adaptation de ses outils pédagogiques au format numérique. Ce choix est présidé par deux réflexions de fonds :
D’une part, en tant qu’association d’éducation permanente, et plus encore en tant qu’association travaillant sur les questions de racisme et de justice sociale, un constat s’impose : depuis que cette pandémie s’est imposée comme un fait structurant nos conditions de vie, elle a non seulement révélé mais également renforcé les inégalités sociales déjà existantes, se traduisant notamment dans la répartition sociale différenciée des risques de contamination et plus largement socio-économiques, psychologiques, sanitaires, etc.
Comme le soulignait récemment Khadija Senhadji dans la Revue Politique[1], « (…) le Covid-19 est rapidement apparu comme un puissant révélateur des inégalités préexistantes. Dans les quartiers dits « populaires », au cœur des espaces de vie principalement investis par les populations issues des immigrations post-coloniales tels que le croissant pauvre à Bruxelles, les expériences subjectives ont très vite pointé les indices d’une surexposition de ces populations au risque d’infection et de mort qui s’ensuit ».
Aussi, alors que le spectre d’un confinement semble se rapprocher, nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux sur les inégalités sociales appuyées par cette crise sanitaire. Et s’il nous semble plus que jamais nécessaire de poursuivre notre travail de conscientisation sur la dimension raciale de ces inégalités qui restent trop souvent invisibilisée, l’urgence est à la cohérence entre notre lecture politique et notre pratique professionnelle. C’est pourquoi, consciente de la situation privilégiée dont elle bénéficie, l’équipe de BePax souhaite assumer sa responsabilité collective et faire preuve d’un sens de la solidarité dans l’effort commun d’enrayer la pandémie.
D’autre part, même si des mesures sanitaires strictes sont largement respectées, il n’en demeure pas moins que nos activités d’animation ou de formation en présentiel présentent encore trop de risques pour les travailleur·euse·s, les participant·e·s, et l’ensemble de la société, principalement les personnes moins privilégiées. Aussi, il nous semble aujourd’hui important d’adopter une position claire vis-à-vis de nos partenaires, pour proposer à moyen terme une offre de formation qui soit pérenne.
BePax mettra donc à profit cette période pour développer des formations et animations réalisables dans ces nouvelles conditions, s’inspirant d’expériences mises en place par d’autres structures et prenant appui sur les divers outils se popularisant actuellement. En renonçant à une logique de court terme, nous sommes convaincu·e·s qu’il est possible d’explorer de nouvelles voies pour nous relier à notre public et cheminer ensemble !
Tout notre soutien va au personnel soignant, à toutes celles et ceux que cette crise a encore plus vulnérabilisé ou contraint·e·s de faire passer leur survie économique aux dépens de leur santé physique et mentale et celle de leurs proches (personnes en situation de précarité économique, racisées, occupant des emplois considérés indispensables, sans-papiers, travailleuses du sexe, etc.).
Courage à toutes et tous !
