Un beau témoignage de résilience

Rédigé le 8 septembre 2014

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C'est le 5 juillet 1994, trois mois après le début du génocide, que Florida Mukeshimana-Ngulinzira réussit à s'enfuir du Rwanda avec ses quatre enfants âgés de 13 à 18 ans, passant alors la frontière entre le Congo et le Rwanda, à Goma ; ils échappaient ainsi aux génocidaires, sinistrement à l'oeuvre dans tout le pays.

Pendant ces 3 mois, ils vécurent terrés, cachés notamment chez les Soeurs de Mère Thérèse de Calcutta.

Née en 1951, elle avait épousé Boniface Ngulinzira en 1974 alors qu'ils étaient tous deux aux études à Louvain.

Au seuil de cette immense tragédie du génocide, elle est sans nouvelles de son mari emmené par les militaires de la garde présidentielle ; Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement du Président Habyarimana, Boniface Ngulinzira a sans aucun doute été assassiné pour avoir conclu de façon trop « généreuse » les Accords d'Arusha entre l'Etat rwandais et le Front Patriotique Rwandais (FPR) de Paul Kagame (1992-1993), accords qui voulaient un partage équitable du pouvoir entre les différentes composantes de la population.

Arrivée en Belgique le 15 juillet 1994, elle est accueillie par Marie-Noëlle de Schoutheete, elle aussi veuve avec quatre enfants. Ensemble, elles créent l'ASBL Convivial pour les réfugiés, africains au départ, de tous pays ensuite. Florida a aussi créé une autre ASBL, Ubutwali-Courage, pour aider les veuves et orphelins victimes du génocide. Depuis 1996, elle travaille dans un centre d'insertion socio-professionnelle à Bruxelles.

En 2001, elle publie « Un autre Rwanda est possible. Combat posthume » (collection « Mémoires Africaines » chez L'Harmattan) ; elle y commente notamment les circonstances de la mort de son époux ainsi que le testament dans lequel celui-ci prône un Rwanda pleinement réconcilié, dans une fraternité au-delà des « races ».

Elle a témoigné au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (Arusha) en 2006 ainsi que devant la Commission parlementaire belge pour le Rwanda, en 1997. Au-delà de la tragédie qui a marqué son parcours, Florida Mukeshimana témoigne de l'extraordinaire capacité de résilience de certaines femmes, victimes de la violence des humains.

Elle est maintenant cinq fois grand-mère, dans une famille marquée par le souvenir de ce mari,  père et grand-père, qui a combattu au prix de sa vie pour une communauté humaine rwandaise où l'harmonie et la solidarité l'emportent sur toute forme de rivalité et de haine. A travers les destinées individuelles souvent éprouvantes, l'humanité poursuit lentement sa longue route vers son unité, la « noosphère » selon le mot de Teilhard de Chardin ; c'est du moins mon espérance !

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