Victimes et mémoires : dépasser la concurrence

Rédigé le 7 septembre 2015 par : Marie Peltier

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Alors même que les tensions sont plus vives que jamais au sein du vivre-ensemble interculturel, le combat antiraciste n’a jamais été aussi divisé. Entre celles et ceux qui défendent une vision universaliste de la lutte contre les discriminations, et les autres qui défendent les droits de leur seule communauté, le dialogue est souvent dans l’impasse.

Dans un contexte tendu, où l’on observe une montée à la fois des actes islamophobes, antisémites et xénophobes en général, la tentation de la concurrence et de la surenchère peut être forte. Nous assistons ainsi à un réveil des mémoires qui se fait souvent sur fond de compétition et de comparaison. Comme si lutter pour la reconnaissance de ses droits et de son passé douloureux devait se faire " contre" celle des autres, comme si diviser les luttes les renforçait. Sans jeter l’opprobre sur l’organisation légitime des minorités pour se protéger des discriminations dont elles font l’objet, comment ne pas craindre que ce climat concurrentiel n’affaiblisse l’ensemble de la lutte antiraciste ?

C’est à cette question épineuse que ce numéro tentera humblement d’apporter des éléments de réponse en abordant à la fois des expériences positives de partage d’expériences mémorielles, et des questions plus sensibles et non-résolues, tel le celle du déficit de reconnaissance mémorielle de la colonisation belge du Congo, de la "double fidélité" vécue par certains de nos concitoyens d’origine étrangère, et du négationnisme qui refait surface sur fond de concurrence victimaire. Ce dossier sera en outre complété par un portrait illustrant le fait que faire partie d’une minorité peut aussi conduire à se préoccuper du sort de l’ensemble d’entre elles, dans une démarche non pas identitaire mais inclusive.

Le travail pour une meilleure reconnaissance de toutes les minorités et de toutes les mémoires est encore loin d’être achevé. L’urgence est d’oeuvrer pour faire entendre la voix de celles et ceux qui souffrent des discriminations présentes et passées, dans une optique non pas de comparaison mais bien de renforcement mutuel. Que les expériences positives puissent être partagées et valorisées, que la souffrance de chacun puisse être entendue et respectée, voilà la perspective dans laquelle tente de s’engager BePax. Parce que nous savons que nous gagnons toujours à unir les combats et que c’est ainsi qu’ils gagnent en intégrité et en efficacité.

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