Mauro Gasparini: la liberté d’expression ne prend tout son sens que dans l’égalité sociale

Rédigé le 9 septembre 2013

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Agé de 28 ans, Mauro travaille dans le milieu syndical. Actif en politique depuis dix ans, il choisit de s’exprimer en tant que militant, membre des organisations suivantes : les Jeunes anticapitalistes (JAC) et le parti qui leur est lié, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) - SAP en néerlandais -, section belge de la IVème Internationale.

Les sujets pour lesquels on s’y implique sont les luttes sociales, féministes, antiracistes, écologistes (pour la justice climatique, contre le nucléaire), et la solidarité internationale, comme avec la révolution syrienne. La LCR se présente aux élections sous différentes formules, et défend le regroupement des forces de la gauche radicale en Belgique, en lien avec les mouvements sociaux et en totale indépendance du PS et d’Ecolo et de leurs politiques qu’elle juge pro-capitalistes.

Les raisons de son engagement

Elles sont liées à son histoire familiale : son grand-père était un résistant communiste juif et antisioniste. C’est à l’université qu’il a commencé à militer. Sa rencontre avec la LCR quelques années plus tard lui a permis de trouver une perspective cohérente pour tenter de changer le monde, articulant bien les dimensions sociales, féministes, écologistes et internationales. Son courant politique défend l’auto-organisation des luttes par en bas, en d’autres termes par les opprimé/es et exploité/es eux-mêmes.

« Je ne perçois pas mon engagement comme quelque chose de sacrificiel mais comme quelque chose qui donne un sens à ma vie », ajoute-t-il.

Sa perception de la liberté d’expression

Selon lui, la liberté d’expression n’est pas une notion évidente. Des ennemis mortels de la liberté comme les fascistes, racistes et négationnistes n’hésitent pas à utiliser celle-ci pour défendre leurs projets. Face à cela, Mauro réfute l’argument selon lequel la liberté d’expression serait complètement absolue et sans conditions. Mais la répression d’en haut n’est pas une réponse pertinente aux ennemis de la liberté. Il est essentiel de se mobiliser collectivement pour faire taire les fascistes, et de se battre pour la liberté d’expression totale dans le respect des valeurs démocratiques.

Et en Belgique ?

Le jeune syndicaliste estime que dans les démocraties libérales, la liberté d’expression est par essence limitée : il rappelle la problématique des grands médias supposés « libres » et pratiquement contrôlés par des groupes capitalistes ou l'Etat. Selon lui, l’entreprise capitaliste – quelle qu’elle soit – est un exemple typique de dictature dans nos sociétés. La règle qui prévaut en entreprise est que la liberté d’expression s’arrête dès qu’on y franchit la porte d’entrée.

Au-delà de la simple expression, aujourd’hui c'est le fait de s'organiser et manifester des idées critiques dans l'espace public qui est de plus en plus réprimé. Mauro évoque ainsi le projet de loi « anti-jeunes » adopté chez nous récemment sur les Sanctions administratives communales. Ainsi, il pose d’emblée deux questions : « Où réside la liberté d’expression lorsque marcher de manière pacifique contre l’austérité imposée par l’Union européenne est devenu un trouble à l’ordre public passible d’amendes ? » « Et dans quelle mesure peut-on parler de la liberté d’expression quand 90% des discours médiatiques autorisés prônent l’austérité et le sacrifice pour 90% de la population et la préservation des intérêts d’une petite minorité ? », ajoute-t-il. Sans oublier la répression contre Wikileaks et ses semblables… Selon lui, la situation d’autoritarisme et d’attaque contre la liberté d’expression va s’aggraver partout au fur et à mesure que les tensions sociales et économiques vont se renforcer.

Cela étant, le jeune anticapitaliste admet qu’on ne peut tirer un simple trait d'égalité sur cette question entre les démocraties « bourgeoises » et les régimes dictatoriaux en Corée du Nord, en Russie ou en Iran, par exemple.

Ses attentes

Tous les mouvements de gauche, progressistes et anticapitalistes doivent se battre ensemble pour les libertés démocratiques et pour construire un monde avec pluripartisme, liberté de débat et des tendances en leur sein. Un monde communiste « authentique » devra nécessairement se baser sur la liberté d’expression. Car Mauro dit se battre « pour une liberté d’expression la plus grande possible partout ». Se définissant comme un communiste critique,  il se bat pour une société libre, démocratique et autogestionnaire, où l’on définirait ensemble quelle orientation donner à notre société. Et ce, à tous les niveaux, du local au global.

Sa conclusion est que « tant que le monde demeurera profondément inégalitaire, la liberté d’expression sera à géométrie variable ». Pour prendre tout son sens et être la plus large possible, elle doit être en intime relation avec l’égalité sociale et matérielle des conditions, afin de faire usage de cette liberté dans la rue, dans les médias, et partout.

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