Le Monde selon les femmes ; un féminisme inclusif

Rédigé le 11 novembre 2013

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Les associations féministes de la société civile sont nombreuses à continuer de militer pour plus d’égalité dans les rapports hommes-femmes. Persuadées que le « combat » n’est pas terminé, elles adoptent des positions distinctes qui ne facilitent pas toujours l’expression de revendications communes. Parmi ces associations, nous avons été rencontrer « Le Monde selon les femmes », ONG expérimentée en genre et développement, qu’une de ses membres, Alicia Novis, nous a présentée.

Le Monde selon les femmes est une ONG belge féministe créée en 1986. Elle affiche cette spécificité d’articuler genre et développement. Leur travail sur le genre revient à questionner les rapports de pouvoir entre hommes et femmes, en insistant sur la place des hommes dans cette réflexion. D’autre part, convaincus que la Coopération Internationale n’est efficace que si elle intègre efficacement les hommes et les femmes de manière égale, Le Monde selon les femmes a orienté une partie de son travail vers l’axe Nord-Sud. L’association souhaite sortir de la relation atavique d’assistanat à travers un travail d’échanges et de pratiques réciproque. De manière générale, ses membres veulent dépasser les stéréotypes faussant la justesse de nos analyses.

Une ONG féministe au Sud

L’exportation du féminisme tel qu’on le conçoit dans nos pays vers les pays du Sud interpelle. Du point de vue du Monde selon les femmes, le féminisme issu de l’approche genre et développement s’est transformé, notamment par les échanges avec les partenaires du Sud. En effet, la configuration sociale de certaines communautés du Sud est complètement différente. «Là-bas, impossible de contourner les chefs religieux », nous dit Alicia. L’ONG accomplit son travail sur base du dialogue entre hommes et femmes, adaptant son approche à la réalité du terrain. De la même manière, il faut éviter d’aborder certains thèmes, comme l’homosexualité par exemple ou faire usage d’un vocabulaire différencié. A ce propos, la terminologie Nord/Sud laisse penser à une dichotomie très claire alors qu’au sujet du féminisme, la situation est loin d’être idéale au Nord. Les droits sexuels et reproductifs ne sont pas acquis partout. Dans les pays de l’Est, la sexualité n’est pas un choix pour toutes et la maternité coûte une fortune. Aujourd’hui, il s’agit d’être attentif à tout mouvement de recul (backlash) suite aux progrès obtenus par le passé.

Alicia rappelle que la demande en formation émane du Sud, de partenaires amis de longue date à la philosophie semblable. La construction de ces formations requiert de la vigilance afin de déceler les mécanismes eurocentristes et androcentristes. Travailler en faveur de l’égalité, c’est être capable de se décentrer.

Féminisme inclusif

La position des hommes sur les questions féministes est au centre des regards de plusieurs associations actuellement. Le Monde selon les femmes trouve essentiel de sonder leur ressenti sur l’évolution des rapports de genre et de confronter leur vision personnelle à la définition sociétale de la masculinité. L’association a donc lancé un projet intitulé « La ville du mâle ». L’objectif était de donner la parole à la gent masculine lors d’ateliers d’écriture, à l’occasion de la Quinzaine de l’Egalité. A la suite de ces échanges, la carte d’une ville fictive a été établie qui dénonce les rôles assignés aux femmes et aux hommes. Avoir une parole libérée sur les questions d’égalité peut bénéficier à tous.

Féminisme en évolution

Aujourd’hui, nous observons des courants de pensée singuliers dans la constellation féministe. Queer, intersexes, pensée cyborg sont autant de mouvements qui balayent les différences hommes/femmes renvoyant une association comme Le Monde selon les femmes à ses fondamentaux. Comment questionner les rapports de domination si les frontières entre les sexes et les genres sont brouillées ? L’ONG affirme que son travail politique nécessite d’avoir des repères et que tant qu’il y aura des inégalités, elle conservera les mêmes codes avant d’aller pousser la recherche identitaire plus loin, tout en restant convaincue que nous n’avons pas une identité figée. Malgré les jugements négatifs que vit le féminisme, car surtout médiatisé par ses factions extrêmes, il reste un mouvement social et politique dont les revendications évoluent au plus proche de la société.

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