Islam et islamophobie: sortir de la sidération

Rédigé le 5 septembre 2016

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Parmi les nombreux dégâts que la violence entraîne dans son sillage, la perte de capacité au dialogue n’est sans doute pas le moindre. Après la sidération, la vague d’attentats de Paris, Bruxelles et Nice – pour ne citer que les plus importants commis en Europe ces derniers mois – a suscité une série de polémiques, souvent vaines, qui ont vu s’échanger plus d’insultes que d’arguments.

La montée incontestable de l’islamophobie a hélas quelque chose de performatif en ce qu’attisant la haine, elle incite à la peur et au repli de la part des musulmans, qui ont de plus en plus de raisons de ne pas se sentir bienvenus chez nous. S’il est inacceptable dans ses conséquences affectives et humaines,  ce rejet des musulmans est donc également dangereux sur le plan social et politique.

Entre les postures symétriques et également figées qui affirment d’un côté que « tout cela n’a rien à voir avec l’Islam » ou qui entendent brider la liberté religieuse, stigmatiser la communauté musulmane ou l’inciter à la discrétion, de l’autre, la marge est étroite pour pouvoir discuter sereinement de questions complexes.

Ce dossier entend contribuer modestement à cet échange, qui n’a jamais été aussi nécessaire, alors même qu’il n’a jamais été aussi difficile. Nous formons le vœu qu’il contribue à sa mesure à amorcer la construction de ponts dont notre société emmurée a tant besoin.

Pour ce faire, nous n’entendons pas éviter les questions qui fâchent – le lien entre violence et religion, la réforme de l’islam contemporain, la visibilité des appartenances et pratiques religieuses – mais nous souhaitons les aborder dans un cadre aussi apaisé que les circonstances le permettent.

Comme le dit très justement Michaël Privot dans ce numéro, chacun sous-estime la peur d’en face. Si la lecture des articles ici rassemblés pouvait au moins partiellement permettre de prendre conscience de cette peur mutuelle afin de construire les conditions de son dépassement collectif, alors ils vaudront beaucoup plus que l’encre et le papier sur lequel ils sont publiés.

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