CFO, le Collectif des Femmes qui l’Ouvrent : Collectif citoyen qui résiste aux idées d’extrême droite en province de Luxembourg et lutte contre le repli sur soi

Rédigé le 30 avril 2020 par : Marie Willame & Dominique Verhaeren, Collectif des femmes qui l'ouvrent

Extrème-droite Discours de haine

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Naissance du collectif. Le26 mai 2019, 500 millions d’européen·ne·s dont 11 millions de belges sont appelé·e·s aux urnes. Les résultats font froid dans le dos. On observe une montée de l’extrême-droite tant à l’échelon européen, qu’au niveau national.

Les réactions ne se font pas attendre et la ligue des droits humains lance un appel à rejoindre le mouvement Stand Up[1] à Bruxelles pour montrer son désarroi face à cette poussée extrémiste. Soucieuse de rejoindre le mouvement, un appel est lancé sur les réseaux sociaux par une citoyenne de la province de Luxembourg. L’idée, au départ, de rassembler les luxembourgeois·es pour cet évènement s’avère impossible vu la distance et les 24h pour l’organisation. Ces difficultés n’allaient pas la décourager pour autant. C’est donc via ces mêmes réseaux qu’elle a contacté un petit nombre de ses connaissances pour lutter ensemble contre ces idées nauséabondes de repli sur soi. L’aventure commençait…

Très vite ce collectif de 12 femmes en colère et indignées s’est mis à réfléchir à une action à mener localement. L’objectif de l’action était de montrer qu’au sein de la province de Luxembourg une résistance se mettait en place face aux idées d’extrême droite. L’objectif était également de susciter la réflexion parmi ses habitants. Le Collectif des Femmes qui l’Ouvrent voulait faire écho à cette mobilisation nationale dans les communes du sud du pays et souhaitait une façon originale pour diffuser son message de lutte contre l’extrême droite.

Le collectif était né, le projet d’action aussi.

Nom du collectif 

Le Hasard fait bien les choses. Le nom du collectif est né d’un clin d’œil à la constitution, aux premières heures, de ce groupe uniquement composé de femmes, catégorie de personnes justement mises de côté par ces partis de droite radicale.

Cette coïncidence sera la marque de fabrique du collectif. « D’un point de vue symbolique, garder cette référence aux femmes était un pied de nez aux idées anti-féministes, développées par ces partis, contre lesquelles nous combattons. Mais dès le départ, des hommes nous ont rejoints. Le CFO n’a pas pour mission d’être un collectif exclusif, les citoyens actifs dans les différentes actions proviennent de tout horizon » confie une des membres du CFO.

Une première action remarquée…

En effet, en quelques jours l’effet boule de neige s’était mis en place. « Nous avons été étonnées de la rapidité avec laquelle les gens répondaient présents pour cette action. On se rend compte que la majorité de la population est indignée et en désaccord avec ces idées écœurantes mais ne sait pas comment l’exprimer ! »

Dans la nuit du 5 au 6 juin 2019 c’est donc une centaine de personnes qui ont affiché dans 33 communes de la province de Luxembourg plus de 2700 affiches, au visuel explicite, invitant à résister à cette droite dure. Les presses provinciale et nationale ont contribué à rendre visible l’action. Ce coup d’éclat n’est donc pas passé inaperçu et a permis d’amener le débat dans l’espace public.

Message

« Notre volonté est d’attirer l’attention sur le fait que les dangers de l’extrême droite concernent tout le monde. Elle porte atteinte à toute une série de nos droits fondamentaux et son succès lors des dernières élections est le résultat d’une politique antisociale menée depuis plusieurs années par le gouvernement. On criminalise les sans-abri, les migrants, les personnes en situation de précarité… Il y a une réelle nécessité de revenir à plus de justice sociale et de défendre le principe d’égalité des droits et des libertés démocratiques de chacun » explique l’une des chevilles ouvrières du mouvement avant d’ajouter : « Nous savons que ces partis d’extrême-droite sont porteurs car ils répondent de manière très simple aux enjeux actuels en proposant des slogans réducteurs sans alternative concrète. Si ce n’est la haine et le rejet de l’autre. Cet autre pouvant être l’étranger, la femme, le wallon, le pauvre, … Les programmes de ces partis proposent des revendications d’une redoutable violence pour l’ensemble du pays et de ses citoyens ».

A travers ses actions, Le CFO souhaite mettre les citoyens en mouvement contre les partis qui excluent une partie de la population. « Nous souhaitons afficher notre détermination face à ces partis nationalistes et leurs idées xénophobes et sexistes. Nous voulons défendre le « vivre ensemble », la compréhension de la société dans laquelle on vit et les moyens que l’on se donne pour y remplir pleinement son rôle de citoyen en visant une réalité diversifiée et inclusive ».

Le CFO entend défendre une société égalitaire, le refus des discours haineux et le non-repli sur soi sous forme identitaire.

La suite ?

Le but était que cette action de désobéissance civile soit le point de départ pour une campagne de sensibilisation plus générale et non une simple action du fait de quelques militants.

Presque un an après la création du collectif et l’action qui l’a fait connaître, le CFO continue donc son travail d’information et de sensibilisation via des animations et des publications, en collaboration avec le CRILUX et les Equipes Populaires Luxembourg, mouvements ayant soutenu la naissance du Collectif citoyen.

Durant cette année, le collectif a pu organiser différents moments de rencontre entre les citoyens désireux de s’investir : des soirées de formation et d’information sur la désobéissance civile ou l’extrême-droite notamment, une participation au festival Bitume avec un « Photomaton » qui engageait à mettre en avant les propos des citoyens pour résister aux idées extrémistes.

Durant tout l’été 2019, le visuel de la première action a voyagé par le biais d’autocollants partout dans le monde, il y a eu des clichés du Maroc, du Pérou, de France, de Slovénie, d’Autriche pour ne citer que ceux-là.

Le 8 mars à Arlon, le collectif était présent pour la grève des femmes, afin de porter la voix des femmes en exil : « femmes en exil, femmes en péril », une occasion de sensibiliser le public aux conditions indignes que doivent subir ces femmes qui fuient des pays en guerre.

Dernièrement, durant la nuit du 12 au 13 mars 2020, en réponse à la première action, des centaines de citoyens réunis en quelques heures, en Wallonie et à Bruxelles, sous l’impulsion du CFO, ont affiché sur leur porte d’entrée et aux entrées et sorties de leur village un nouveau message. Cette action « Ma porte est ouverte et je ne compte pas la fermer ! » diffuse un message positif et d’ouverture invitant tout un chacun, et les politiques, à Oser ! Oser la solidarité, l’accueil, la différence, l’humanité, le dialogue, …

Il est, en effet, apparu essentiel au collectif de proposer une nouvelle action à connotation plus positive.

L’objectif de cette action citoyenne, la dernière en date, est de dénoncer la politique européenne. « L’Union Européenne mène une politique inhumaine : elle monnaie ses frontières en payant la Turquie pour gérer la question migratoire, elle exerce une chasse à l’homme envers les candidats réfugiés, elle véhicule un message stigmatisant et discriminant à l’égard de ces hommes, femmes et enfants fuyant leur pays en guerre. Toute cette gestion témoigne du fait que les idées et discours extrêmes ne sont pas l’apanage de la droite radicale ! »

Encore une fois, cette opération a été une énorme réussite avec plus de 800 photos reçues ! Cet engouement confirme qu’un grand nombre de citoyens désire se mobiliser et s’indigner contre le repli sur soi identitaire et souhaite inverser la tendance.

Le collectif est aujourd’hui en réflexion sur les différentes possibilités d’actions. Le but est de pouvoir sensibiliser un maximum la population sur les ponts et relais qu’il peut apporter afin que demain nos sociétés ne reproduisent pas certaines duplicités du passé. Le défi est grand mais néanmoins essentiel pour cultiver une démocratie trop souvent mise à mal. Le collectif, en toute humilité, tente de réduire cette fraction par le biais d’échanges et en refusant l’immobilisme. Il entend bien continuer de l’ouvrir et de s’ouvrir…

Résistons, à l’extrême droite, partout et ensemble !

 


[1] Stand Up est le nom d’un collectif antifasciste, principalement bruxellois. Il s’agit d’une plateforme réunissant un grand nombre d’acteurs de l’associatif et du culturel.

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